Et peut-être même que le revirement a été un peu trop radical. Car la nouvelle XJ ne laisse personne indifférent. Elle représente une sorte de choc, dans un segment qui a du mal à se défaire de son esprit conservateur. Mike O'Driscoll de Jaguar: "C'était notre but. Jusqu'à présent, nous vendions des évolutions de la vieille XJ à un public en effet conservateur. Jusqu'au moment où les chiffres de vente nous ont fait comprendre que même ce public-là recherchait quelque chose de nouveau."
Aluminium
O'Driscoll met donc en évidence le fait qu'avec la nouvelle XJ, Jaguar entend donner un nouveau sens au credo de la marque: "Beautiful, Fast Cars". Mais les priorités restent dans cet ordre. Le design de Ian Callum dégage de la robustesse et du mouvement, même à l'arrêt. Et le choix d'un style Hatchback, c'est du jamais vu dans le segment. Avec 5,12 mètres de long, la XJ fait bien partie du club des Classe S, A8 et Série 7. La version longue atteint même 5,25 mètres. Jaguar a eu généreusement recours à l'aluminium, tant pour la carrosserie que pour le châssis. Il n'empêche que la balance flirte avec 1,9 tonnes. Mais la XJ a le talent de bien faire passer son poids et ses dimensions.
Même si les passagers jouissent de plus d'espaces qu'auparavant, la XJ ne dégage pas encore le sentiment d'espace propre aux concurrentes allemandes. On dira qu'elle est plus cosy.
Cosy, c'est d'ailleurs la meilleure façon de décrire l'habitacle: cuir souple, essences de bois, une finition de classe et surtout une irréprochable isolation phonique qui laisse les bruits de roulement à l'extérieur. En fait, c'est l'énorme console centrale qui mange une grande partie de l'espace disponible. Pour ce qui est du modernisme, les choses vont si loin que les compteurs classiques sont remplacés par un écran tft (comme pour les ordinateurs). Au démarrage, il affiche un insigne Jaguar. Puis lorsqu'on lance le moteur, celui-ci laisse place aux compteurs.
Diesel discret
Sur la console, on retrouve le bouton circulaire de la XF, qui fait office de commande de la boîte automatique 6 rapports. Placez-le en D, et la XJ se met en mouvement tout en douceur. Le 3.0 diesel biturbo s'acquitte de sa tâche avec la discrétion d'un majordome. A 2.000 tours, on dispose déjà de 600 Nm. Quant à la puissance, elle est de 275 ch. Et ce avec une conso moyenne – annoncée – de 7 litres.
Châssis ferme
Le châssis à suspensions pilotées apporte un monde de différence par rapport à l'ancienne XJ. Sans être qualifiées de dures, elles permettent à la XJ de rester fermement plantée au sol. Et plus on s'avance vers le mode Sport, plus la rigidité s'affirme, plus la pédale de droite se fait réactive, et plus la direction répercute précisément vos ordres. Tout cela est déjà réjouissant avec le diesel – qui abat le 0-100 en 6,4 secondes – mais l'est encore bien plus avec les moteurs essence. Le choix se compose d'un V8 de 385 ch et de sa version Supercharged de 510 ch. Cette version est électroniquement limitée à 250 km/h et demande 5,9 petites secondes pour atteindre 100 km/h.
Choix
Le choix dépendra de l'usage et des goûts personnels. Le diesel démarre à 79.800€ (Luxury), la Supercharged Supersport grimpe à 141.500€. En version longue, il faut compter respectivement sur 89.100 et 146.000€.
Avec cette XJ progressiste, Jaguar a raison. Les clients conservateurs eux-mêmes ont montré leur intérêt pour la formule et avec ce nouveau style, la fierté de la Grande-Bretagne pourra peut-être détourner certains clients de leur super limousine germanique.