Non que le précédent V8 diesel Range fut un roturier: 3.6 fort, 270 ch, 640 Nm à 2.000 tours, de quoi lui offrir des prestations à la mesure de son statut. Mais ce dernier a vécu et est remplacé par un tout nouveau 4.4 exclusivement développé pour le Range Rover. Restera-t-il une exclusivité du Roi des 4x4 ou le retrouvera-t-on bientôt sur un Land ou une Jaguar? Mystère… Mais à une époque où les groupes automobiles s'unissent pour partager les énormes coûts de développement d'un nouveau moteur, il serait étonnant qu'un constructeur "de niche" s'offre seul le luxe d'une nouvelle mécanique. Certes les affaires marchent très bien pour Range Rover (+26% aux USA en 2010 par rapport à 2009, +25% en Europe, +157% en Chine…), mais tout de même.
Monarque moderne
Nous, nous aimerions ce V8 ailleurs, car le résultat est à la hauteur des attentes: 313 ch, 700 Nm entre 1.500 et 3.000 tours, une disponibilité remarquable dès 1.000 tours… Tout cela autorise le 0-100 en 7,8 secondes et 210 km/h en pointe. Autant de choses que le Range à la délicatesse de ne pas faire payer au prix fort: 9,4 l/100 km (soit 18% de moins que le V8 3.6) et 253 g/km (soit – 14%). Cet appétit modéré pour un véhicule de plus de 2,5 tonnes, on le doit en partie à une autre grande nouveauté: une boîte automatique 8 rapports signée ZF, une première pour Range Rover. Dans la lignée de ce qui se fait chez Jaguar, le sélecteur de boîte n'est plus un levier, mais une molette. Bien sûr, le conducteur peut garder le contrôle, notamment en franchissement, via des palettes au volant.
Au-dessus de la mêlée
Pas d'euro, pas de système métrique, le volant à droite… Les Anglais ne font rien comme tout le monde. Et parfois, c'est tant mieux. Car conduire un Range, c'est autre chose, c'est ne pas conduire un SUV comme les autres. Dans une autre catégorie de prix certes, le Range inspire le même genre de sentiments qu'une Rolls Royce: celui de survoler la mêlée. Au volant d'un Range, on regarde avec distance et sérénité les concurrents (principalement allemands) se livrer une guerre au dynamisme, un comble pour un SUV. Car malgré toute la science des ingénieurs, on ne peut être à la fois dynamique, et remarquablement confortable. Surtout dans ce segment. Le Range se moque d'être dynamique. Il est un roi du franchissement et du confort.
Cette distance offre au Range une chose est le seul de son genre à pouvoir revendiquer: de la noblesse. Et cette noblesse, on la ressent au volant, plus encore avec ce nouveau 4.4. Un moteur puissant mais qui n'en fait pas étalage. N'est-ce pas cela aussi, la noblesse? Pourtant la puissance est bien là. Enfoncez le pied droit, et les 700 Nm répondront, la boîte 8 changera de rapport si nécessaire, avec douceur et souveraineté. En 5,1 secondes, on repasse de 80 à 120 km/h. Sans fracas, juste la vocalise à la fois présente et discrète du V8. Mais en général, on préfèrera se sentir glisser dans une ambiance feutrée. Le Range communique sa noblesse. Il est l'indiscutable roi de son segment, les autres sont ses fous. Avec le nouveau V8 diesel, il dispose plus que jamais d'une mécanique qui lui fasse honneur.
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