Avec l’arrivée de la Giulia et, surtout, du Stelvio, Alfa Romeo marquait son grand retour. Non seulement s’agissait-il du retour aux bases classiques de la sportivité – à savoir, un châssis à propulsion – mais c’était aussi le grand retour de la marque italienne sur le devant de la scène. Du moins, ça en était l’espoir car après 7 années, la mèche peine à prendre. Ce troisième bébé parviendra-t-il à sauver le mariage ?
On se connaît non ?
Ce nouveau Tonale, c’est non seulement le produit sur lequel Alfa Romeo met tous ses jetons, mais c’est aussi un bon exemple de l’économie d’échelle du groupe Stellantis. Car, eh oui, sous cette jolie robe se trouve la plateforme des Jeep Renegade et Compass. Pourtant, il faudrait sortir le compas et l’équerre pour trouver les similitudes entre les trois SUV. À 4,53 m de long, l’Italien est bien plus long mais il embarque surtout une esthétique bien plus soignée.
On y reconnaît, presque trait pour trait, les formes du concept-car du même nom, tout en notant quelques touches au passé. À l’avant, la calandre triangulaire typique qu’Alfa baptise « tribolo » est ici chapeautée de feux LED à la signature visuelle en trois parties. Le communiqué de presse parle d’un lien avec la SZ Zagato, mais nous on y voit plutôt un air de Brera. C’est d’ailleurs la même mélodie à l’arrière. Bien que l’esthétique soit similaire au Stelvio, la lunette arrière du Tonale est bien plus inclinée et elle se place juste au-dessus d’une barre lumineuse, comme c’est la mode aujourd’hui.
Ricetta classica
N’espérez pas tomber des nues une fois le seuil de porte passé. Le Tonale fait dans le classique et c’est d’ailleurs bien mieux comme ça ! Comme les récents produits d’Alfa, on retrouve une planche de bord tout en horizontalité, bordée de bouches de ventilation rondes. La double casquette des compteurs est toujours bien présente mais l’instrumentation fait désormais appel à une dalle de numérique de 12,3 pouces. Pas de gimmick ou jeu vidéo ici, mais de beaux fins compteurs très bien dessinés.
Au centre de la planche de bord prend place un écran tactile de 10,25 pouces qui accueille un tout nouveau système d’infodivertissement. Enfin, nouveau pour Alfa Romeo. Ceux qui connaissent les récents produits du groupe Stellantis y reconnaîtront le système déjà utilisé chez Fiat. Rien de mal à cela, il est intuitif, rapide, précis et très facile d’utilisation. Que demander de plus ?
In fine, l’habitacle du Tonale mélange le new et l’old-school, tout comme il mélange le bon et le moins bon. La finition est relativement bonne à l’avant, mais à l’arrière c’est la fête aux plastiques durs. Le coffre offre un généreux espace de 500 litres, mais l’habitabilité arrière est fortement serrée. Enfin, la position de conduite pourrait être un chouia plus basse et Alfa Romeo ne semble pas avoir eu le mémo concernant les sélecteurs de vitesses modernes…
Entre deux mondes
Sous le capot, c’est la fanfare des nouveautés. Eh oui, le nouveau Tonale sera la première Alfa Romeo hybride rechargeable. L’utilisation du futur est ici bien intentionnelle car…cette motorisation n’arrivera que l’année prochaine ! On aurait espéré que les Milanais fassent leur retour sur la grande scène avec un PHEV mais il faudra se contenter d’un diesel – eh oui, encore et toujours – ainsi que d’un bloc essence électrifié.
D’ailleurs, l’hybridation n’est pas si loin car ce nouveau 4-cylindres de 1,5 litre mélange les genres d’hybride léger et d’hybride auto-rechargeable. Fort de 130 ou 160 ch, il s’associe à une boîte 7-rapports à double embrayage dans laquelle se loge un moteur électrique de 15 kW (20 ch). Couplé à un alterno-démarreur à 48 volts et une petite batterie lithium-ion, il peut ainsi réduire sa soif de sans plomb. L’homologation est fixée à 5,7 l/100 km et 130 g/km de CO2.
Véritable Alfa ?
Malgré ces chiffres officiels peu chatoyants pour une motorisation hybride, le Tonale Hybrid brille bien mieux sur la route que sur papier. Sa base technique n’a rien de révolutionnaire. Une certaine marque allemande à l’étoile intègre également un petit moteur électrique entre son moteur et sa boîte. Pourtant, l’Alfa fait bien plus souvent la part belle à l’électricité. Nous le découvrons dans les bouchons des alentours du Lac de Côme lorsque le moteur essence ne vient se mettre en branle qu’au-delà des 20 km/h.
À des vitesses plus élevées, l’électrification apporte un petit coup de pouce pour les relances et les accélérations. Le tout semble aussi bien intégré et très bien isolé, à un point tel qu’il nous faut regarder les compteurs pour repérer la commutation d’une énergie à l’autre. En conduite souple, la boîte tire bien son épingle du jeu, mais elle hésite quelque peu lorsque le tarmac se tord et que la pédale de droite est enfoncée.
C’est d’ailleurs dans cette situation-là qu’une Alfa Romeo devrait briller, non ? Le nouveau Tonale répond présent à cette exigence, mais le tableau n’est pas parfait. Bien que la plateforme à traction avant soit partagée avec Jeep, le dynamisme de conduite est bien plus présent. Notre modèle équipé de l’amortissement adaptatif contrôle bien ses mouvements de caisse et le Tonale passe de courbes en courbes sans rechigner, avec la légère perte d’adhérence du train avant typique d’une traction. Pourtant, il ne nous donne pas confiance. La faute à la direction bien trop artificielle et totalement muette. On nous dit que le train avant était encore en calibration, mais il y a encore du boulot pour retirer cette sensation de jeu vidéo…
Conclusion
Avec le Tonale, Alfa Romeo marque son grand retour sur le devant de la scène et cela dans l’un des segments les plus populaires du moment. Face aux autres SUV compact, l’Italien peut se targuer de sa bonne motorisation hybride, de son châssis dynamique et de son équipement. Reste à espérer que la direction sera recalibrée et que l’hybride rechargeable arrive vite pour qu’Alfa Romeo ait une chance de faire un home run.