Si l'habit fait le moine, l'auto fait l'homme (ou la femme). Rouler en Ferrari ou en Lamborghini est sans doute plus impressionnant encore, mais évoluer au volant d'une Audi R8 vous pose tout de même son homme ! De toute façon, les connaisseurs savent que derrière les quatre anneaux se cachent des dessous de Lamborghini. C'est en effet au sein de la gamme de la prestigieuse marque italienne du groupe VW qu'Audi a puisé la base de sa R8. Il ne fut d'ailleurs pas fait mystère de la collaboration étroite des ingénieurs d'Ingolstadt et de Sant'Agata Bolognese sur le développement d'une base commune pour une sportive biplace à moteur centrale.
Du muscle
L'association entre quatre roues motrices et un moteur V10 n'est pas une première chez Audi. Le constructeur allemand a déjà utilisé ce concept technique pour ses versions S. La grande différence, c'est que le V10 utilisé par la R8 délivre 525 chevaux contre 430 pour la version V8. Comme sur la Gallardo, à la version coupé de la R8 est venue se joindre une variante découvrable. Dans l'opération de décapsulage, la R8 Spyder a pris 100 kg sur la balance mais malgré un poids de 1,7 tonne, le rapport poids/puissance reste impressionnant avec 3,3 kg/ch. Suffisant pour être propulsé en 4 sec à 100 km/h après un départ arrêté. Une performance qui s'accompagne d'une bande son magnifique distillée par les doubles échappement ovoïdes.
Explosive
Rien que par sa sonorité envoûtante, cette R8 vous fait frissonner de plaisir. Rouler à ciel ouvert vous permet de profiter pleinement des envolées lyriques du puissant V10. Le moindre rayon de soleil est un prétexte suffisant pour escamoter le toit. Une manoeuvre d'une facilité et d'une rapidité déconcertantes. En à peine 20 secondes, le ciel vous appartient. Sortez la belle de votre garage, actionnez la commande, roulez jusqu'à 50 km/h et vous voilà au volant d'un roadster grisant. Enfin, pendant que le mécanisme fait son office, il vous faudra être vraiment très gentil avec la pédale de droite car la moindre pichenette vous propulse à une vitesse prohibée. Le petit saute-vent remplit bien son office. Un cri vous envahit : «Knokke, me voilà !»
Hésistante R-tronic
Dès que l'on quitte les agglomérations encombrées, le potentiel de cette vraie sportive se révèle. Ce dix cylindres possède une impressionnante réserve de couple et de puissance. Les chevaux déboulent à tous les régimes à la moindre sollicitation de la pédale de droite. Une divine sensation qui apparaît presque anachronique à une époque toute acquise au turbo. Il est d'autant plus dommage que la boîte R-tronic, trop hésitante, ne soit pas à la mesure de la prestance du V10. Heureusement, le catalogue Audi autorise toujours le choix d'une version manuelle. A notre sens, il y a des extras plus intéressants à s'offrir avec les 6.000 euros supplémentaires que réclame l'investissement dans cette boîte robotisée pas à la hauteur du R8 Spyder. Avec ce pécule, nous opterions bien plus volontiers pour les sièges baquets, les freins céramiques et la caméra de recul, un dernier accessoire qui s'avère quasiment indispensable avec ce Spyder à la visibilité arrière très limitée.
Avaleuse de virages
Les points que la R8 Spyder perd à cause de cette boîte R-tronic, elle les regagne rapidement grâce à son dynamisme et à son agilité. La suspension et la direction offrent une précision impressionnante. La transmission intégrale repousse les limites de l'adhérence. Le Spyder s'agrippe à l'asphalte comme s'il sortait ses griffes. Grisant.
Evidemment, la R8 V10 est une star des autoroutes allemandes où sa vitesse de pointe (330 km/h) fait merveille. Les conducteurs de mornes berlines diesel aperçoivent à peine les optiques LED dans leur rétroviseur avant de voir les feux arrière carrés disparaître à l'horizon...
Le plaisir est total au volant de ce R8 Spyder V10... sauf lors du passage à la pompe. La consommation moyenne annoncée de 14,9 l/100 km est hautement théorique. Dans les faits, quand on profite même gentiment du potentiel de cette diabolique R8, on tourne plus autour de 20 ou 25 l/100 km. Glup !