"Grâce au W12, Bentley est le plus grand producteur mondial de moteurs 12 cylindres. Et nous entendons le rester. Le W12 est synonyme de puissance sans effort. Avec 318 km/h en pointe, il fait de la Conti le coupé 4 places le plus rapide du monde. Ce que nos clients apprécient avant tout, c'est son caractère posé. Le V8 biturbo aura pour mission d'attirer de nouveaux clients. La GT V8 est cool, agressive et extravertie. Ca peut sembler être un détail, mais nous avons attaché beaucoup d'importances à la sonorité, qui est typique à ce moteur. Et aussi typique à Bentley." Ce sont les mots par lesquels Wolgang Dürheimer, le patron de Bentley, présente la "petite" nouvelle.
Agressive, la GT V8 l'est en effet. De plus grandes prises d'air dans le spoiler inférieur et une grille de calandre spécifique lui donnent un visage bien à elle. Les jantes 20'' – ou 21 en option – font le reste. Ainsi que le logo rouge, réservé à la V8.
8 ou 4
La consommation moyenne officielle de 10,6 l/100 km est 40% inférieure à celle du W12. Les émissions de CO2 tombent à 246 g/km. Sympa, d'autant que cela n'a pas été fait au dépens de la puissance. Le "petit" moteur livre 507 ch et 660 Nm dès 1.700 t/min. Ce n'est pas le résultat que du downsizing, mais aussi de l'adoption de l'injection directe, de la boîte auto 8 rapports et de la désactivation de cylindres. Comme le fait l'Audi S8 avec laquelle la Bentley partage son moteur, la Continental GT V8 est capable, lorsque la charge est faible et tout en roulant, de rouler sur 4 cylindres seulement. Sans même que le conducteur le remarque. "La désactivation intervient en 40 millisecondes et les vibrations du V4 sont neutralisées par des supports moteur actifs", explique l'ingénieur Ian Malpass. Il nous explique aussi pourquoi le système Stop&Start utilisé par Audi n'a pas été retenu: "Pas assez raffiné. Quoi qu'on mette en œuvre, le redémarrage d'un moteur s'accompagne toujours d'un léger choc. Et ce n'est pas admissible dans une Bentley."
Excitation et désillusion
Le V8, qui selon la position du pied droit ronronne, grogne ou hurle, s'avère surprenant dans la pratique. En 4,8 secondes, il envoie la voiture à 100 km/h. Ce qui est seulement 2 dixièmes de plus qu'avec le W12. Le travail commun du moteur et de la boîte est fantastique. Et il n'y a vraiment qu'en conduite très active qu'on n'a vraiment envie de changer les rapports via les palettes au volant.
Hélas, la Bentley montre ses limites dès qu'on la confronte à un parcours sinueux exigeant. Aussi réussies que soient les suspensions, aussi efficace que soit la répartition de la puissance entre les quatre roues, difficile de cacher une masse de 2.295 kg. Dans les épingles, on sent la voiture en lutte de l'entrée à la sortie du virage. On remarque donc à peine que la V8 ait 25 kg de moins sur le train avant que la W12 et que la répartition des masses soit meilleure.
Le terrain de prédilection de cette voiture, ce sont les routes larges et gentiment ondulantes. C'est là qu'on jouira le mieux de ses qualités et de son habitacle confortable et luxueux. Très British, bien qu'elle cache mal le fait que sa donneuse d'organes s'appelle VW Phaeton. Mais cela est moins rébarbatif qu'on l'imagine.
Bentley en profite aussi pour adopter un nouveau système d'info-divertissement, plus raffiné et dont les commandes intuitives ne détournent pas l'attention de ce qui compte vraiment: le plaisir de conduire. Surtout si vous tentez d'accrocher les 303 km/h de pointe. Oui, Bentley a jugé primordial d'afficher une vitesse maxi juste au-dessus de la barre des 300. Et non, la Conti GT V8 ne se profile pas comme une sportive jeune et dynamique. Mais elle reste une meilleure voiture que la plus puissante W12. Et à 167.851€ (184.636€ pour la GTC), elle est aussi moins chère.