Dans le temps, mon bon Monsieur, il y avait la M3 et la M5. Et parfois, un roadster avait aussi la chance d'être passé à la sauce M. C'était le bon temps où la division M était dirigée par Gerhard Richter. Sa division était déjà intégrée à BMW, mais il pouvait la mener comme une marque à part entière. Et c'était assez spécial. Nous l'avons par exemple entendu dire un jour à propos de l'assistance de direction électronique: "Vous n'imaginez quand-même pas que ça a sa place dans une M?" Un vrai puriste.
C'est en repensant à lui que nous avons débuté notre essai du BMW X5 M. Celui-ci accuse 2,3 tonnes sur la balance, ce qui est un paquet, même pour 575 ch. Vous lisez bien, le V8 4.4 libère grâce à deux turbos la bagatelle de 575 ch, entre 6.000 et… 6.500 tours, ainsi que 750 Nm entre 2.200 et 5.000 tours. Selon le réglage de boîte et de gestion moteur que vous choisirez, cette puissance vous arrivera en douceur, ou vous sera envoyée droit dans les dents. Quand vous le chatouillez avec insistance, le X5 M peut redescendre de quelques unes de ses 8 vitesses, et ce qui suit est un gros coup de pied dans le dos. Il ne lui faut que 4,2 secondes pour tuer le 0-100. Et si les vitres sont baissées, l'exploit s'accompagne d'un grondement qui ferait presque peur. 22,6 secondes plus tard, un kilomètre est déjà parcouru depuis votre départ arrêté, et l'engin poussera jusqu'à sa limite électronique de 250 km/h.
Grosses gommes
En ligne droite, il y a peu de choses plus rapides que ce BMW X5 M. Sauf qu'une M, ça doit être bien plus qu'un missile de ligne droite. Mais du coup, BMW doit, pour ne pas être trop vite rattrapé par les lois de la physique, monter des pneus de 325/35. Alors oui, l'engin surprend par sa capacité à rester bien à plat dans les virages longs et rapides. Le conducteur expérimenté sera longtemps tenu éloigné de l'embarras par la transmission intégrale et les énormes gommes. Mais il faut vraiment faire preuve de beaucoup d'auto-persuasion pour emmener ce X5 à la limite.
Croiseur d'Autobahn
Tout le talent des gens de chez M porte donc ses fruits: le X5 M est bluffant. Mais on note tout de même que ce qu'il aime surtout faire, c'est aller très vite droit devant. C'est un croiseur d'autoroute comme il n'y en a pas deux. Mais chez nous, il se trompe de pays, car il atteint bien trop vite une vitesse très exagérée.
Qu'il existe un marché pour ce genre d'engin est une évidence. Sans quoi, BMW ne se serait pas donné la peine de lancer une deuxième génération de X5 M. Mais pour être honnêtes, nous ne comprenons toujours pas à quoi il sert. Au vrai puriste, tout ce qu'il a à offrir est son moteur. En termes de qualités dynamiques, un SUV ne pourra jamais – vous entendez? JAMAIS – en remontrer à un petit coupé. Mais bon, manifestement, quiconque dispose de plus de 130.000€ - le prix de notre véhicule d'essai – pour une folie pareille s'en moque éperdument. Celui-là s'intéressera surtout à la possibilité d'utiliser son X5 M quotidiennement. Et alors là certes, il est impressionnant. Il peut être d'une infinie douceur en ville et le définir comme spacieux est un euphémisme. En moyenne, nous avons consommé plus de 13 l/100 km. Mais là encore, le sujet n'a que peu d'intérêt.
Comme c'est le cas pour une version AMG du Mercedes Classe G, nous ne voyons pas où est la valeur ajoutée de ce M. Qu'importe, puisque tant d'autres, qui peuvent se l'offrir et/ou l'ont déjà fait, la voient. Tant mieux pour eux…