Chez de nombreux constructeurs, la notion de compacité renvoie principalement à la taille et pas nécessairement au prix, à telle enseigne qu’un portefeuille compact ne suffit plus pour acquérir un modèle plus ou moins bien équipé dans cette catégorie - ainsi qu’en attestent d’ailleurs les deux candidates de notre essai.
Près de 30.000 euros
Ainsi, la Ford Focus quatre portes 2.0 TDCi animée par un moteur à auto-allumage de 136 CV est proposée à partir de 21.850 euros et l’A3 Sportback 2.0 TDI développant 140 CV nécessite au bas mot 24.550 euros. Si l’on leur instille une touche d’élégance supplémentaire, l’on frôle la barre des 30.000 euros de part et d’autre. Mais dans quel cas cette somme est-elle la mieux investie ?
En ce qui concerne les motorisations, l’écart est minime. Les 4 CV de moins de la Ford par rapport à l’Audi sont négligeables, et en termes de couple, une égalité parfaite prévaut à 320 newtons-mètres. Même si la puissance maximale de l’A3 peut être exploitée dès 1750 tours tandis que les conducteurs de la Ford doivent patienter jusqu’à 2000 tours, la Focus boucle le sprint standard en 9,3 secondes, soit un tiers de seconde plus rapidement que l’Audi. Le chiffre est du plus bel effet lorsqu’il est annoncé, mais dans la pratique, il n’est guère pertinent. Le temps mort dans la réponse du turbo, légèrement plus prononcé dans la concurrente de Cologne, fait davantage pencher la balance sur le terrain.
Moteurs civilisés
Depuis son remaniement de la fin 2009, le moteur discret de la Ford atteste d’une tranquillité de fonctionnement encore accrue et épargne aux passagers les sonorités agaçantes du diesel.
Les deux rivales sont pourvues de série d’une transmission manuelle à six rapports, dont le fonctionnement s’avère à chaque fois précis. La Ford n’atteint toutefois pas la perfection typique à la marque à laquelle l’on est habitué pour le mécanisme de l’Audi. Dans l’A3, le levier coulisse encore plus facilement dans les passages bien tracés, alors qu’une certaine force doit parfois être exercée dans la Focus.
Audi plus économique
Sur le plan de la consommation également, l’Audi a un léger avantage - bien que les rivales soient toutes deux à bonne distance des indications d’usine. Les constructeurs annoncent respectivement une consommation de 5,5 litres pour Ford et 5,1 litres pour Audi aux 100 kilomètres. En moyenne, les deux exemplaires de notre essai ont toutefois englouti près de deux litres supplémentaires, l’Audi oscillant autour de 7 litres et la Ford frôlant 7,5 litres. Si toutefois le conducteur tempère ses ardeurs, il respecte dans les deux cas un appétit de moins de 6 litres.
Eu égard à la sportivité de la conception, il n’est pas toujours facile de garder son sang-froid, surtout dans la Ford. La Focus enfile les virages avec une agilité magistrale, elle se manœuvre avec précision grâce à sa direction directe à la fermeté sportive et elle reste parfaitement contrôlable y compris à vive allure. Si l’on exagère malgré tout, l’ESP n’impose une limite qu’à un stade agréablement tardif.
Meilleur confort
Il est indéniable que l’Audi témoigne également d’un comportement de conduite exemplaire, mais les ingénieurs ont accordé une attention un peu plus soutenue au confort, et en conséquence, elle se prête particulièrement bien aux longs trajets. Cela ne signifie cependant pas que la Ford n’est pas confortable: même si la Focus a une suspension légèrement plus dure que l’A3 dans l’ensemble, l’on peut également parcourir de longues étapes à son bord sans souffrir de douleurs dorsales.
Lorsqu’il s’agit d’embarquer plus de deux personnes, l’Audi emporte la mise. Certes, l’arrière ne s’apparente pas à un hall de gare, mais les passagers qui s’y installent jouissent d’un plus grand dégagement aux jambes et à la tête que dans la Ford. De plus, la firme d’Ingolstadt continue d’offrir la meilleure atmosphère de bien-être. Les matériaux, la qualité, l’ergonomie et l’habitabilité de l’A3 sont excellents. Bien que la Ford ait rattrapé son retard depuis son remaniement, un certain délai de familiarisation s’impose encore, notamment pour le système de navigation à écran tactile, et plusieurs possibilités de réglage ne sont pas immédiatement compréhensibles.
La Ford marque par contre des points sur le front de la capacité de chargement: à 396 litres, elle accueille près de 30 litres de bagages de plus que l’Audi, et en rabattant le dossier arrière, la malle peut être agrandie à 1258 litres, alors que le volume de chargement maximal de l’A3 s’élève à 1120 litres. La Bavaroise compense néanmoins le manque à gagner dans ce domaine par une meilleure visibilité. Peut-être le dessin au style dynamique de la Focus suscite-t-il une plus grande impression de légèreté que la forme conservatrice de l’Audi, mais la seconde offre des atouts manifestes pour le stationnement.
Options innombrables
Il ne reste plus qu’à déterminer l’équipement: le diesel de deux litres de Ford est livré au minimum dans la finition Style et s’accompagne automatiquement d’agréments tels que les rétroviseurs extérieurs à réglage électrique, les lève-vitres électriques à l’avant, la colonne de direction réglable en hauteur et en profondeur, la climatisation, l’ordinateur de bord et l’installation audio.
D’une manière générale, les deux constructeurs n’hésitent pas à enrichir tant et plus la liste de leurs options payantes. Du châssis sport aux projecteurs directionnels au xénon en passant par le chauffage auxiliaire, tous les raffinements autrefois réservés à une catégorie supérieure sont désormais disponibles. Audi propose même dans l’A3 un récepteur TV en conjonction avec le système de navigation.
En bref
L’Audi A3 est le modèle premium dans le segment des compactes et elle fait honneur à ce statut: en matière de qualité, elle garde une longueur d’avance sur la Ford et elle offre également plus d’espace. En ce qui concerne les moteurs, en revanche, les deux diesel à la poussée substantielle sont pratiquement sur un pied d’égalité. Les amateurs à la recherche d’un comportement routier dynamique seront toutefois mieux avisés de choisir la Focus dès lors que, question dynamique, son châssis a toujours valeur de référence dans la catégorie compacte.
