La Wrangler et le Defender ont plein de choses en commun: des origines remontant aux années 40, des looks pratiquement invariables depuis, des capacités de franchissement presque sans limites, un côté rustique et authentique délibérément conservé, un statut d'icône de l'automobile… Enfin ce sont deux véhicules qui viennent de recevoir une mise à jour mécanique fin 2011.
Le confort, c'est relatif
Que dire de ces formes qui font désormais partie de l'inconscient collectif? Par exemple que par goût et parce qu'il a deux enfants, votre serviteur préfère les versions longues dans les deux cas, nommées Unlimited pour la Jeep (L: 4.75m l:1,87m H: 1,80m), 110 pour le Defender (L: 4,74m l: 1,79m H 2,01m). La plus "actuelle" des deux machines est tout de même la Wrangler, née en 2006, époque à laquelle est apparue la version longue. Le Defender n'a, à quelques menus détails près, pas changé depuis… 1971.
C'est aussi ce qui explique que l'habitacle de la Jeep soit plus confortable.S'il ne se focalise pas trop sur la sacrosainte qualité perçue, l'automobiliste de 2012 ne se sentira pas trop dépaysé dans la Jeep.
Dans le Defender par contre, l'ambiance reste toujours dépouillée, malgré les vitres électriques, le lecteur CD et la climatisation intégrés à la planche de bord renouvelée en 2007. Mais les commandes de phares, d'essuie-glace, de ventilation sentent toujours les années 80. Quant à l'espace à bord, il renvoie plus loin encore: épaule contre la vitre, pas de repose-pied à gauche de l'embrayage… Dans un Defender, faut pas être précieux…
Moteurs
Ces deux icônes ont reçu il y a peu des mises à jour mécaniques. "Simple" mise à jour chez Jeep, puisque le 4 cylindres 2.8 turbo diesel passe de 177 à 200 ch, à 3.600 tours au lieu de 3.800. Le couple passe de 400 à 410 Nm et sa disponibilité est élargie, de 2.000 à 3.200 tours (2.600 auparavant). Grâce à quelques retouches et à l'adoption d'un Stop&Start (en série avec boîte manuelle 6, non livrable avec boîte auto 5), la consommation chute de 2,5 litres, avec une moyenne annoncée de 7,4 l/100 km pour 194 g CO2/km. Dans ce domaine aussi, le Defender reste plus "à l'ancienne". On vient pourtant de lui greffer le 4 cylindres 2.2 PSA/Ford, l'un des diesels les plus modernes du marché que l'on retrouve aujourd'hui chez Peugeot (508 et 4008), Citroën (C5 et C-Crosser), Ford (Mondeo, S-Max, Galaxy), Land Rover bien sûr (Freelander, Range Rover Evoque) et même Jaguar. Pourtant les cotes du Defender 110 sont pareilles qu'avec feu le 2.4: 11,1 l/100km, 295 g CO2/km, 122 ch et 360 Nm. La différence est que le 2.2 est Euro5, que le 2.4 ne l'était pas.
Sur route
Avec ce nouveau 2.2, le Defender est par ailleurs moins bruyant. Mécaniquement du moins, car si les bruits aérodynamiques et de roulements sont acceptable, ils n'ont pas progressé. D'ailleurs la conduite générale reste assez virile: la commande de boîte est précise mais les verrouillages sont fermes, mais c'est surtout la direction et l'immense rayon de braquage qui demandent une certaine habitude, sous peine de devoir manœuvrer dans un rond-point un peu étroit. L'amortissement par contre est loin d'être aussi rude qu'on l'imagine. Enfin les sièges sont extrêmement confortables et atténuent aisément les imperfections routières que les suspensions n'auraient pas gérées.
A côté du Defender, la Wrangler est une Rolls. Le plus gros moteur se fait moins entendre, l'insonorisation générale est plus efficace, les sièges sont tout aussi confortables et l'amortissement est plus à l'américaine. Préfère-t-on pour autant la Wrangler? Pas forcément. Car finalement, la Jeep n'est vraiment sensationnelle que lorsqu'on s'attaque à des terrains hostiles. Dans le Defender, chaque trajet est un évènement, qu'il y ait une route ou non. Bien sûr, la petite famille n'appréciera peut-être pas autant. Le Land Rover est donc choix plus émotionnel, mais aussi plus égoïste.
Ecologique?
Et nous voici à l'explication de titre. Les 4x4 sont trop souvent montrés du doigt comme des véhicule coupables de détruire la planète. Pourtant, une étude publiée en 2006 par CNWMR, une agence de recherche et de marketing indépendante qui observe le monde automobile depuis plus de 20 ans, a classé la Jeep Wrangler comme étant (beaucoup) plus propre qu'une Toyota Prius. Un résultat qui fit le buzz et suscita des débats acharnés entre les pour et les contre. Cette étude prenait en compte l'empreinte écologique totale des véhicules, de la conception au recyclage, en passant par la fabrication de la voiture (et de ses éléments achetés à des sous-traitants), son transport vers les marchés où elle est vendue, son utilisation effective, sa durée de vie potentielle avant d'être obsolète, etc., etc.
Si l'on prend tout cela en compte, la voiture ayant le plus faible impact environnemental est la Smart. La Jeep Wrangler est 4ème du classement, avec un postulat qui tient la route: une Jeep n'aura pas coûté énormément d'énergie à concevoir puisqu'elle repose principalement sur des technologies éprouvées de longue date, ni à fabriquer puisque ses formes sont simples et son habillage intérieur relativement rudimentaire, ni à transporter puisqu'elle est très majoritairement vendue là où elle est produite (aux USA), ni à recycler puisqu'elle comporte plutôt moins d'éléments qu'une automobile classique, et surtout rien d'aussi complexe que, par exemple, des batteries au nickel. Et tout cela compense, semble-t-il, sa consommation et ses émissions plus élevées. Le Defender n'est pas repris dans l'étude, mais on peut raisonnablement penser que ses coûts énergétiques sont très similaires. Et le Defender a un argument de plus, car saviez-vous que tous les Land Rover (et Range Rover) achetés neufs profitent d'une compensation carbone, inclue dans le prix d'achat, couvrant les 75.000 premiers kilomètres? Alors, c'est qui le pollueur?
Le Defender 110 démarre à 31.000€, la Wrangler Unlimited à 31.900€.