Nous avons voulu vérifier si l’Italienne pouvait vraiment représenter une menace pour l’Espagnole.
Fidèle à ses origines, l’italienne Delta se présente en costume élégant, tandis que la Seat plus sportive fait preuve d’une plus grande sobriété. Le Centro Stile maison a confectionné pour la Lancia une carrosserie caractéristique soufflant un vent de renouveau agrémenté d’une pincée d’extravagance dans la catégorie des compactes. Celle-ci se révèle cependant gênante au quotidien : la vue panoramique dans la Delta est tout autant entravée par le long capot moteur que par les épais montants C.
Sur ce point, la Golf hispanisée se débrouille mieux et son seuil de chargement un peu plus bas se révèle en outre plus pratique. Mais pour les deux véhicules, il faut traîner les bagages à travers une ouverture de chargement bien étroite. La Leon accueille entre 341 et 1.166 litres de chargement, la Lancia engloutira quant à elle entre 380 et 1.190 litres, selon sa configuration. Cela semble plutôt étonnant car la Delta est en effet plus longue de vingt centimètres et ses 4,52 mètres lui font déjà racler le haut de la catégorie des compactes.
Espace pléthorique
En revanche, la Lancia gagne des points en proposant un habitacle spacieux nettement supérieur au niveau de sa catégorie, tandis que la Seat n’obtient ici qu’un résultat moyen. C’est surtout à l’arrière de la Delta qu’on se sent nettement mieux et moins à l’étroit. Cependant, la Lancia propose des matériaux bien moins agréables dont il faut s’accommoder;la qualité de finition est quant à elle loin d’être de niveau supérieur. Dans ce domaine, la Seat brille par sa précision typée VW. Et même en matière de confort de manipulation, l’Espagnole cavale toujours en tête.
La Lancia est la plus grande des deux et pèse en outre presque 250 kilogrammes de plus. En conséquence de quoi, le 1.6 Multijet fort de 120 ch de la Delta ne peut dérober que deux dixièmes lors du sprint traditionnel au 1.9 TDI de la Seat qui affiche pourtant 15 chevaux de moins, mais ceci n’est guère perceptible dans la pratique. Par contre, les vitesses de pointe sont elles bien différentes:il manque à la Lancia 10 bons km/h pour rattraper les 186 km/h de la Lancia.
Cinq contre six
Bien que la Delta ait déjà atteint 300 newtons-mètres dès 1.500 tours, son moteur à auto-allumage donne une impression quelque peu poussive et ne passe pas plus rapidement les vitesses que le moteur rugueux à injecteur unitaire de la Leon dont les 250 newtons-mètres ne sont livrés qu’à 1.900 tours. Les conducteurs de la Seat doivent cependant se contenter d’une boîte à 5 rapports, tandis que la Lancia dispose d’une sixième vitesse. Et pourtant la Seat testée était la version Ecomotive à consommation optimisée:sur autoroute, un sixième rapport aurait légèrement pu faire baisser la consommation.
Toutefois, tandis que la boîte de la Seat est parfaitement étagée malgré une conception visant à économiser le carburant et que le levier de vitesses glisse avec légèreté et précision entre les différents rapports, celle de la Delta est rugueuse et la transmission vraiment longue. Son embrayage manque en outre un peu de sensibilité et certains auront besoin de jouer avec la pointe des pieds pour ne pas caler au démarrage.
Plaisir ou confort
Le châssis s’est apparemment adapté à l’élégance massive de la Lancia plus haute de 5 centimètres que la Seat. Certes, son réglage souple absorbe bien les aspérités, mais rechigne à avaler les lacets. La Delta s’incline sensiblement sur le côté, commence prématurément à sous-virer et fait intervenir l’ESP.
La Seat, équipée d’un châssis de Golf modifié, se comporte de manière nettement plus sportive et ne subit guère de roulis. Cependant, son châssis transfère directement les aspérités aux passagers. Une assise rigide, un excellent maintien latéral ainsi qu’une direction précise incitent en outre le conducteur de la Leon à adopter une allure plus rapide que ne le ferait celui de la Delta dont les sièges sont confortables et totalement adaptés aux longs trajets.
Tarifs
Un autre point de différence fondamentale réside dans le prix. Tandis que le prix d’appel de la Lancia Delta 1.6 Multijet est au moins de 21.990 euros, la Seat Leon 1.9 TDI Ecomotive que nous avons testée est déjà disponible à partir de 19.690 euros. L’équipement en série de l’Hispanique y est par contre plutôt chiche:tandis que le modèle standard accueille un lecteur radio CD, la climatisation, un ordinateur de bord et des vitres avant électriques, la Lancia bénéficie en plus de vitres arrière électriques, de rétroviseurs extérieurs à réglage électrique, d’un volant multifonction et de feux de brouillard.
La Seat est en outre la plus économique:d’après les données fournies par le constructeur, son équipement Ecomotive devrait lui permettre de consommer 4,5 litres, tandis que les chiffres concernant la Lancia affichent une consommation de 4,9 litres. Dans la pratique, la différence entre les deux méridionales donne un résultat clair et net : la Delta que nous avons essayée s’est accordée en moyenne 6,8 litres de diesel aux 100 kilomètres, la Seat s’est contentée de 6 litres environ pour effectuer la même distance.
En bref
L’esthétique rafraîchissante et extravagante de la Lancia Delta est de nature à faire naître un nouvel élan dans la catégorie des compactes. Cependant, le design semble faire des promesses que l’Italienne ne peut tenir. Que ce soit en matière de finition, de choix des matériaux, de châssis et de motorisation, la Seat fait la course en tête. La Lancia gagne des points grâce à son espace généreux et sera préférée à la Leon quelque peu exiguë si on souhaite voyager en berline. Mais la Delta est en revanche la moins chère des deux.