Pourtant au départ, on hésite: est-elle une Jaguar pure ou une Jaguar sortie des ateliers d'un Tuner de luxe? Bouclier ajouré à la jonction avec le capot, prise d'air inférieure élargie, sortes d'écopes sur les côtés, spoiler en carbone sur le coffre Tout cela tranche avec l'élégance sportive coutumière de Jaguar.
Les (bons) goûts et les (bonnes) couleurs
En fait, ce sont moins les appendices aérodynamiques qui choquent l'il que la teinte qu'ils revêtent. A savoir ce bleu flashy que vous voyez ici. Plus tard, en observant une XKR-S noire dans mes rétros, je me dis que la voiture est indiscutablement belle. Dans l'habitacle par contre, rien ne change vraiment si ce n'est l'apparition de quelques logos R-S, notamment sur les sièges sport semi-baquets spécifiques. Bref, la classe conservée du cockpit contraste avec l'extravagance de la carrosserie. Finalement c'est normal: il faut bien qu'une Jaguar de 550 ch soit plus expressive que les autres, non?
Petites modifs, grands effets
Jaguar tire donc cette fois 550 ch de son V8 5.0 suralimenté, 40 de plus que la XKR "classique". Et pour extraire ce jus supplémentaire, le V8 est resté inviolé. Il aura suffi de modifier la gestion électronique, et surtout de diminuer les contre-pressions en supprimant un silencieux de la ligne d'échappement. En outre, tout ce qui influence le comportement de la voiture (tarage des ressorts, gestion du châssis et du différentiel, ESP, freinage ) a été upgradé pour offrir une voiture à la hauteur de sa propre puissance.
Sauvage, mais apprivoisée
Durant les premiers kilomètres, c'est sur la boîte automatique 6 rapports qu'on s'extasie. Ses choix de rapports, sa façon rapide et suave de les passer, ses réactions éclair au kickdown. Une double embrayage? Pour quoi faire?
L'itinéraire d'essai tracé dans les collines d'Algarve est sinueux à souhait, avec juste ce qu'il faut de lignes droites et de trafic pour s'offrir des dépassements de rêve. Le moteur est une pure merveille. Disponible à bas régime évidemment, mais surtout explosif dans les régimes intermédiaires. Remettre plein gaz à 2.500 tours, c'est envoyer 680 Nm dans le bitume et voir le compte
A cet instant, la boîte est en mode "S" et je me charge des changements via les palettes au volant. Nouvelle prosternation devant cette boîte auto, qui passe les rapports comme l'éclair et surtout qui rétrograde, un, deux, trois rapports sans opposer de résistance, ce qui a pour effet de produire un "brobrop" du moteur, ambiance Old School.
Les courbes s'enchaînent. Tourner le volant d'une Jaguar, c'est comme caresser un chat: sous la douceur, on sent l'agilité du corps. Oui, cet engin de 1.700 kg et long de 4,8 mètres est agile. Sur ces routes étroites du sud du Portugal, avec plus de deux mètres de capot devant moi, je n'ai pas la moindre appréhension. On sent la XKR-S dans ses os, son équilibre est sans reproche et il faut vraiment le faire exprès pour voir l'ESP trois modes (normal, sport ou Off) s'affoler. Pour jouir de ce châssis, pas besoin d'être pilote, juste de savoir ce qu'on fait. Enfin l'ultime vertu de ce châssis est d'avoir trouvé la formule magique qui offre à la XKR-S la raideur qu'on attend d'une vraie sportive et la prévenance, même en mode Sport, qu'on attend d'une Jaguar.
La XKR-S, 132.900€, est entrée directement sur ma liste Euromillions. Une liste qui contient quelques rivales. Mais avec aucune autre le conducteur "juste un peu meilleur que la moyenne" que je suis n'aurait osé rouler comme je l'ai fait dans les collines portugaises. C'est quand, le prochain tirage?