Pour présenter son nouveau modèle, les Britanniques nous parlent de la tradition du Land Rover V8 et de l’héritage du Série 3, du County V8 ou de tout autres modèles à huit cylindres battants sous le capot. De notre côté, on pense que cette justification ressort plutôt d’un coup marketing. Secrètement, on aime à croire qu’un ingénieur de Gaydon a lâché à ses collègues un jour lors d’une pause au pub : « Gents, pourquoi pas un V8 ? »
Noir c’est noir
Alors que les anciens Defender – ou même Land Rover Série 3 – prônaient la sobriété, quelle que soit la motorisation sous le capot, ce nouveau Defender V8 se prend plutôt pour un footballeur de Chelsea. Ses plastiques rugueux sont remplacés par un ensemble brillant, sur le capot apparaissent de vraies-fausses protections antidérapantes et seules trois couleurs sont au catalogue : Yulong White, Santorini Black ou Carpathian Grey. Mais ce n’est pas tout, puisqu’en plus des jantes de 22 pouces, on découvre un discret logo V8 au bas des portes avant et quatre sorties d’échappements pas si discrètes à l’arrière.
Dans l’habitacle, le noir règne également…aux côtés de l’alcantara ! On trouve ce dernier sur les sièges – en option, le cuir est aussi disponible – et même sur le volant. L’insert du tableau de bord troque sa couleur métal pour du noir profond et les inserts du volant suivent le même chemin. Outre cela, on retrouve l’habitacle commun, original mais extrêmement pratique du Defender. Comme toutes les versions 90, l’espace aux places arrière et dans le coffre est tellement ridicule qu’il en devient presque comique.
Chausse-pied et gros freins
Dire que Land Rover a dû prendre un chausse-pied afin d’aller insérer son gros V8 sous le capot du Defender serait une hérésie. Après tout, le tout-terrain britannique dispose d’amplement d’espace à l’avant et les bases de sa plateforme monocoque sont partagées avec ses frères de chez Range Rover. Pratique.
Ainsi, à l’ouverture de cette grande pièce d’aluminium, on découvre le V8 de 5,0 litres qu’on connaîtt déjà, trôné par un gros compresseur. Ici, cette bête antique fournit 525 ch et 625 Nm de couple. Assez pour faire passer les 2,5 tonnes de la caisse taillée au fil de plomb jusqu’à 100 km/h en seulement 5,2 secondes ! Bien que les Anglais chantent les louanges du couple de ce gros moulin pour le remorquage, ils équipent tout de même ce modèle d’un tarage de suspension spécifique, d’énormes freins de 20 pouces, de plus grosses barres antiroulis et d’un différentiel arrière électronique actif. Au cas où vous prendriez un tournant un peu vite…
Les lois de la quoi ?
Dès la pression du bouton de démarrage, ce Land Rover plutôt spécial se fait entendre. Le V8 se réveille dans un vrombissement striant symphonique et il ne fait que s’améliorer plus la vitesse croit. En conduite de tous les jours, le Defender V8 est l’incarnation de l’anti-discrétion. En conduite soutenue, il est à la frontière de l’antisocial.
Les performances sont d’ailleurs au rendez-vous. Voir un si gros véhicule bondir avec cette vivacité ne laissera personne indifférent – ravis et mécontents – mais depuis la cabine, on est assis si haut que le sentiment de vitesse est quelque peu feutré. Cette hauteur n’aide d’ailleurs pas à l’approche d’une courbe. Un coup dans les freins et le mastodonte vient embrasser le sol. Il faut le dire : malgré ses améliorations châssis, ce Defender V8 tangue tel un yacht sur mer agitée mais son roulis est bien mieux contrôlé. On regrette cependant que cela soit au détriment du confort général.
Bien qu’il ait 525 canassons à sa disposition, n’allez pas penser que ce gros Land Rover viendra jouer des coudes avec la concurrence allemande. Sur une route en lacets, un Porsche Cayenne Turbo en fera de la pâtée pour chat. Quoique l’Anglais puisse le rattraper avec aisance…en coupant à travers champs !
Puisque Sir le demande…
Avec un modèle si ostentatoire qui semble célébrer la fin d’une époque, sommes-nous obligés de parler de choses aussi vulgaires que la consommation et le prix ? Allez, you’re the boss ! Notre semaine se termine avec une moyenne affichée de 14,1 l/100 km, soit – vous ne le croirez jamais – 0,4 l/100 km de mieux que les chiffres officiels. Pour ce qui est du prix, le Defender 90 V8 vient tout équipements battant à partir de 129 000 €.
Verdict
En bref, le nouveau Defender V8 est gros, bruyant, pas spécialement sportif, consomme beaucoup et n’est absolument pas pertinent dans le monde d’aujourd’hui. Au final, le Defender 90 V8 est complètement inutile mais on ne peut que l’adorer !