Touring n'en finit pas de nous couper le souffle avec ses "piccole serie", ses séries très limitées créées sur des bases existantes. Pensez par exemple à la Disco Volante, basée sur l'Alfa Romeo 8C, ou encore à la Berlinetta Lusso. Ceci est le dernier chapitre en date de cette belle histoire : une Gran Turismo classique, construite sur les fondations d'une Maserati GT.
Moteur de course
"En 2019, nous avons célébré les 60 ans de la Maserati 5000 GT, alors construite à la demande du Shah de Perse", raconte de Fabribeckers dans son bureau milanais de Touring. La Maserati 5000 GT était déjà à l'époque l'une des GT les plus extrêmes jamais produites. Elle disposait d'un vrai moteur de compétition, le V8 5.0 litres de la Maserati 450S. Le Shah avait demandé à Touring une voiture avec laquelle parcourir rapidement les énormes distances traversant son pays, l'actuel Iran. Ceci est notre vision de la Maserati 5000 GT."
"Sachant que nous vivons une époque à laquelle le moteur atmosphérique classique est menacé de disparition, je me suis dit que c'était peut-être la dernière fois que nous allions pouvoir construire une Grand Tourisme au sens classique du terme. Et c'est ce qui a dicté le choix d'une base Maserati." Sur cette base, de Fabribeckers a imaginé un coupé traditionnel, affichant un regard profond. Et on note que sur la version cabrio, ce regard est quelque peu adouci.
Carbone
La Sciàdipersia ouvre une nouvelle ère pour Touring. Une ère dans laquelle l'aluminium, jadis garant de la construction "Superleggera" (super légère), patte de Touring, endosse un rôle plus décoratif. Aujourd'hui, le souci de l'allègement de la carrosserie est principalement porté par le carbone.
Plus on regarde cette voiture, plus elle devient belle. Notamment parce que la Sciàdipersia est 10 cm plus courte que la voiture donneuse, ce qui lui procure une silhouette plus athlétique encore. Nulle part on ne trouve de badge Maserati mais à bord, l'environnement typique de la marque reste très identifiable. Ici, la base est celle d'une Maserati GranTurismo S, version post-mise à jour de 2018. Il y a sous le capot un V8 4.7 litres de 440 ch et 490 Nm. La Sciàdipersia pèse 1.700 kg, un peu moins que la voiture dont elle utilise les dessous. Le V8 a une sonorité un peu plus discrète que dans un modèle de la marque au Trident, mais elle reste bien présente, et a toujours ce quelque chose de "contagieux". Le vaste toit panoramique vous plonge dans un océan de lumière, dont profite bien sûr tout l'habitacle. Enfin, le cuir Foglizzo vous caresse les mains et le dos. Bref, en matière de luxe, les Italiens ont toujours ce je-ne-sais-quoi qui fait la différence.
Conduire, c'est voyager
Les performances sont celles d'une Maserati GranTurismo, et une vitesse de pointe supérieure à 280 km/h est envisageable. Cela étant, ne comptez pas sur la réactivité instantanée d'un moteur turbo. Ce V8 a besoin d'un peu de temps pour monter en régime, pour développer toute sa puissance. Mais une fois lancée, la voiture est altière. La direction donne une magnifique impression de légèreté et même posée sur des jantes de 20'', la Sciàdipersia reste d'un confort irréprochable à vitesse de croisière. C'est à vitesse plus réduite, il est vrai, qu'elle se montre un peu plus ferme.
La Sciàdipersia a ce don de détourner l'attention d'elle-même. Elle ne vous monopolisera pas les pensées à coups de bidules électroniques, mais vous invitera au contraire à regarder par les fenêtres pour profiter du paysage, comme dans le temps. A son volant, conduire redevient – enfin ! – synonyme de voyage.
Le tarif est naturellement assez salé : 8 mois de travail à la main, ça fait forcément grimper la facture. Touring ne communique officiellement aucun prix. Mais ce qui est sûr, c'est que pour la somme qu'on consent à débourser, on s'offre une automobile dont il n'existera que 15 exemplaires, coupés et cabrios confondus, qui vaudra largement l'investissement.