C'est donc avec l'innocence du "simple" amateur averti que j'ai découvert physiquement la MP4-12C Spider, tout en connaissant déjà son excellence technique d'un niveau rarement atteint, ses performances quasi inégalées et, dit-on, son petit déficit d'âme, surtout comparée à la Ferrari. Histoire de nous le sortir du système, parlons tout de suite des réelles failles de la voiture. D'abord une chose intolérable dans une voiture de 235.000€… de base: le pire GPS de l'histoire. Programmation pas très "user friendly", perte de position dans des endroits pourtant parfaitement dégagés, infos vocales et cartographiques contradictoires… Moins grave: streaming audio Bluetooth impossible avec un Smartphone Android, ou encore le fait que l'on puisse ouvrir et démarrer la voiture en gardant la clé en poche, mais pas la fermer. Hum hum…
Incognito… ou presque
La MP4-12C n'est pas une voiture fondamentalement belle. Excellente technicienne avant tout, la forme sert la fonction, pas la séduction. Pour vous dire, en sortant d'un parking de Cologne (un petit tour par les Autobahn est obligatoire avec ce genre d'engin), je suis passé à côté d'une autre MP4 noire que j'ai failli ne pas voir. Tout le contraire de mon exemplaire d'essai, dont la couleur ne pouvait qu'attirer l'attention à Bruxelles.
Donc avis aux acheteurs de McLaren: selon que vous vouliez rester discret ou être une Star des réseaux sociaux, le choix de la teinte est cruciale.
Pour tous les jours
Le réveil du V8 biturbo 3.8 est déjà plein de promesses. La McLaren n'a pas pourtant pas la voix guerrière d'une Lambo ni celle, théâtrale d'une Ferrari. Par sa sonorité, la voiture semble dire à son conducteur: "T'es prêt? Moi aussi. On y va?" Et on y va. Mais durant les premiers kilomètres sur une nationale un peu encombrée, j'ai peur… de m'ennuyer. Evolution dans le trafic, gestion par les suspensions pilotées des mauvais revêtements (même en mode Sport, elles ne vous démettent pas les vertèbres), travail de la boîte 7 double-embrayage, réponse aux mouvements de l'accélérateur, tout est d'un confort absolument inattendu dans une telle voiture. La semaine précédente, j'avais eu la chance d'essayer une Jaguar F-Type (6 cylindres 380 ch), désirable en tous points mais bien plus excitée en conduite quotidienne. Un comble! Puis en y regardant de plus près, je remarque que tout en étant si docile, la voiture ne gomme absolument rien. Je sens la route de tout mon corps, la direction et le châssis carbone (comme la carrosserie) me communiquent la moindre info… mais sans me les hurler au visage. La MP4-12C est une voiture ultra performante distillant à chaque seconde des sensations sportives, et qu'on peut réellement utiliser au quotidien (et en vacances grâce à un coffre accueillant jusqu'à trois valises-cabine) sans être un "pur et dur" prêt à tout les sacrifices. Si j'étais une Porsche 911 Turbo, je ne serais pas rassurée…
Plus c'est long, plus c'est bon
Puis arrive enfin le premier morceau d'autoroute dégagée. Un kick-down et boum! La boîte descend deux, voire trois rapports et les 625 ch amorcent leur poussée. J'ai eu la chance de conduire quelques voitures à peine moins puissantes mais jamais je n'ai ressenti une poussée si "profonde", si longue. Et lorsqu'on décide de jouer manuellement de la boîte, c'est encore plus spectaculaire car on ajoute alors une touche de violence à la voiture, parfois trop bien élevée, il est vrai. Sur un tracé sinueux, on poussera un peu plus loin en réglant moteur et châssis sur le mode Sport. L'ESP donne alors un peu de champs pour le fun, l'accélérateur est plus sensible mais là encore, il faut vraiment brutaliser la pédale pour que la boîte, en mode auto, se montre agressive. Cela dit, l'aiguille du compte-tours pointe toujours très, très vite à 8.000. Mais pour le show, le mode manuel est un must.
Alors, jackpot Euromillions: j'achète ou pas? Assez d'âme pour faire oublier une Ferrari? 1: je suis amoureux de Ferrari depuis que j'ai huit ans, mais qui aime bien châtie bien. Pour moi, aujourd'hui, les Ferrari ont perdu le sens du glamour et c'est un crime. La 458? Pas sexy. La McLaren ne l'est pas plus, mais là ne fut jamais son fond de commerce. 2: je n'ai passé que quatre jour avec la MP4-12C Spider et deux semaines après, je pousse encore des soupirs nostalgiques. 3: je me souviendrai longtemps de cette cavalcade entre Aix La Chapelle et Cologne, collé (de loin) aux basques d'un local au volant d'une Mercedes SLS AMG qui me montrait le chemin des 300 km/h. Allez, j'achète!
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