Inutile de vous le dire : les voitures sont de plus en plus grosses et lourdes. L'impact de cette évolution dans un environnement urbain est plus important qu’on pourrait le croire. C'est pourquoi les citadins sont de plus en plus nombreux à réclamer des solutions de mobilité. Cependant, faire monter un automobiliste invétéré sur un scooter partagé - surtout pendant les mois d'hiver - est une tâche désespérée. Mais que se passe-t-il si on le mettait dans une un mignon quadricycle électrique ? Euréka !
Micro Isetta
Avec sa Microlino, la société suisse Micro Mobility Systems ("Micro" pour les intimes) n'a pas réinventé l'eau chaude. Non, elle a fait un retour dans le passé. Celui de BMW, rien de moins. En effet, dans les années 1950, BMW a présenté l'Isetta comme solution de mobilité, un petit chariot avec un moteur à l'arrière et une porte à ouverture à l'avant.
Ajoutons à cela environ 70 ans d'évolution et on obtient la Microlino, la voiture rétro la plus médiatisée après la Volkswagen ID. Buzz. Mais ne vous y trompez pas, car bien qu'entièrement électrique et dotée d'une vitesse de pointe double de celle de la Citroën Ami (90 km/h), selon la loi, cette Microlino n'est pas une voiture, mais un quadricycle. Spécificité typiquement belge : bien qu'il ne s'agisse pas d'une voiture, il faut quand même posséder un permis de conduire (B).
Batterie sur roues
Avec sa Microlino, Micro ne veut pas concurrencer les voitures établies. Non, cette bulle sur roues est une solution à la place que ces dernières dans le paysage urbain. Avec ses 2,44 mètres de long et 1,47 mètre de large, la Microlino tient à peu près dans le coffre de n'importe quel crossover moderne. Pourtant, cette Suisse offre plus qu'assez d'espace pour deux occupants adultes (testé et approuvé) et un énorme volume de coffre de 230 litres (plus que ce que dans une Fiat 500).
En bref, cette Microlino est littéralement une batterie sur roues. Au choix, cette batterie peut être de 6 kWh, 10,5 kWh ou 14 kWh. Certes, la batterie de votre smartphone est presque plus grande, mais n'oubliez pas que la Microlino pèse à peine 500 kilos. Cela lui permet de se vanter d'une autonomie de 91 km, 177 km ou 230 km en ville, respectivement. Le moteur électrique sur l'essieu arrière, avec ses 17 ch et 89 Nm, semble faiblard mais il permet tout de même à la Suisse d'atteindre...50 km/h en 5 secondes ! La vitesse de pointe de 90 km/h permet à la petite de se sortir, même sur les routes régionales.
Examen pratique
Sur papier, la Microlino a donc les qualités nécessaires pour révolutionner la mobilité. Mais qu'en est-il dans la pratique ? On a essayé la Microlino Pioneer Edition avec une batterie de 10,5 kWh durant trois jours dans une série de cas qui la font sortir de sa zone de confort. Les conditions ? Des températures d'environ 5°C.
Dès le démarrage, il est clair que la Microlino gère les choses un peu différemment. Pas d'autonomie restante ou de consommation à voir sur le tableau de bord numérique, seulement l'énergie restante exprimée en pourcentage. Ce qui fait que conduire est toujours une supposition calculée. La banquette est réglable en profondeur, le volant est fixe. La visibilité vers l'avant est excellente, mais vers l'arrière, elle est quelque peu décevante. Notamment parce que la Microlino utilise des rétroviseurs latéraux minuscules et n'a pas de rétroviseur central. Une boîte à chaussures avec un angle mort, pas vraiment pratique en ville...
Quoi qu'il en soit, la clé (bon marché) est sur le contact, la chaîne cinématique est en " D " et le frein à main est abaissé, caché sur le côté. C'est parti ! Dès les premiers mètres, il est clair que la Microlino ressemble plus à un kart avec un toit qu'à une voiture. Un kart avec beaucoup plus de puissance qu’on l’imaginerait. Bien que ce quadricycle ne puisse être qualifié de raffiné, elle parvient à vous faire sourire...et à faire sourire les passants !
Ville, nationales et autoroute ?
En ville, donc, la Microlino se faufile dans le trafic comme un acrobate accompli. L'accélération est plus que vive et avec ses dimensions, il faut s'empêcher de rouler sur la piste cyclable. En revanche, on est moins impressionnés par la suspension. Ou plutôt : l'absence de suspension. Les débattements sont remarquablement courts et les amortisseurs remarquablement fermes. Combiné à l'empattement court, la Microlino rebondit désagréablement sur les aspérités de la route et sur les dos d'âne. Ce qui ne manque pas sur nos routes…
Mais que se passe-t-il si on sort la Microlino de sa zone de confort ? Hors agglomération, par exemple ? Eh bien, sa vitesse maximale de 90 km/h signifie qu'il peut suivre le trafic normal sans aucun problème. Les regards qu’on reçoit en dépassant à 70 km/h en disent long. En revanche, au bout de 30 minutes, le confort d’assise fait tout sauf du bien . Faire chaque jour 70 kilomètres pour aller au travail en s'amusant avec la Microlino, c'est peut-être un peu trop, mais tout à fait possible. Il reste une question : comment cette Microlino se comporte-t-elle sur l'autoroute ? La réponse est simple : elle n'est pas légalement autorisée à circuler sur autoroute. " Ceci n'est pas une voiture ", vous savez ?
Attend, combien ?!
La Microlino est un véritable kart qui peut aller un peu plus loin qu’on y croirait. Sachez toutefois que l'autonomie annoncée n'est réservée qu’à la ville. Notre version avec batterie " moyenne " de 10,5 kWh devrait parcourir environ 177 kilomètres, en réalité notre consommation (hors ville et avec des températures froides) a été d'un peu plus de 10 kWh/100 km. Ou, en d'autres termes, impossible d’atteindre les 100 kilomètres d’autonomie. Pas seulement à cause de la batterie, d'ailleurs, car à partir de 15% de puissance restante, la Microlino passe en mode économique, atténuant la puissance. En dessous de 10%, la vitesse de pointe passe même sous la barre des 20 km/h. Au nom de la science, on a défié le destin jusqu'à 3% de batterie restante pour enfin conclure notre escapade. Avec si peu de puissante, la route ouverte n’est plus une option viable.
La Microlino a donc ses limites. Des limites sur lesquelles on ferme affectueusement les yeux. Parce que cette chose est plus mignonne qu'une boîte pleine de chiots. Tout n’est pas si rose, cependant, car il faut parler du prix. Là où une Citroën Ami coûte encore environ 8 000 €, cette Microlino a un prix de départ de 17 990 € (France : 14 990 €). Vous avez repris votre souffle ? Préparez-vous au pire : la version avec grosse batterie coûte au moins 22 990 € (France : 20 090 €). Si l'on ajoute à cela les possibilités de recharge limitées (2,6 kW CA maximum) et certains problèmes logiciels, la Microlino se positionne soudainement comme une solution de mobilité pour l'élite. Une occasion manquée, selon nous.
Conclusion
La Microlino est un quadricycle incroyablement charmant qui peut tout à fait égayer les rues à elle tout seul. Grâce à sa vitesse maximale de 90 km/h, elle ne tombe pas non plus à bout de souffle en dehors de la ville. Voilà donc une solution de mobilité intelligente. Rester à avaler la pilule de son prix…
