Rare, la BMW 2002 Turbo l’est assurément. Dévoilé en 1973 au salon de Francfort, le modèle n’a en effet été produit qu’à 1.672 exemplaires. Dès lors, lorsque l’on évoque l’idée d’une rencontre avec la M2, considérée par le constructeur comme sa descendante spirituelle, nos contacts nous souhaitent bonne chance. La ténacité finissant toujours pas payer, nous avons mis la main sur un exemplaire datant de mars 1974.
La sportive appartenant à un concessionnaire de Tielt, nous y avons rejoint notre photographe pour faire plus ample connaissance avec celle qui fut la première européenne de série à disposer d’un moteur suralimenté par un turbo.
"Bad Boy"
Sur la route, au volant de la M2, il est impossible de ne pas se remémorer les dernières heures passées en sa compagnie. Franchement, on se dit que l’on va avoir du mal à en rendre les clés. Il est vrai que cette BMW met de bonne humeur dès que l’on éveille son bloc 6 cylindres de 370 chevaux, qu’elle offre une belle agilité en adoptant les liaisons au sol et l'autobloquant de la M3, qu’elle ne craint absolument pas d’échauffer ses plaquettes et, surtout, qu’elle flatte les tympans quel que soit le rythme qu’on lui impose.
Tout n’est évidemment pas parfait ! En effet, si l’on ne peut pas lui reprocher son look "bad boy", on aurait quand même aimé que la commande de la boîte manuelle soit mieux guidée et que la direction soit un peu plus communicative. Evidemment, ces détails n’enlèvent rien au charme de ce coupé qui se révèle civilisé ou bestial, en fonction de l’humeur de son conducteur.
Epoques distinctes
A Tielt, une fois les présentations faites entre l’aïeule et l’héritière, le choc est visuel. Car ici, il n’est pas question de parler de touches néo-rétro. A l’exception de leur empattement court, ces deux BMW n’ont absolument rien à voir l’une avec l’autre. La 2002 Turbo est même relativement fluette par rapport à sa descendante et se distingue juste de ses sœurs 2002 en s’offrant une robe "Gris Polaris", des bandes bleues et rouges, des extensions d’ailes rivetées, un spoiler avant et un discret becquet posé sur la malle. Point barre!
Son habitacle, quant à lui, fait la part belle à une instrumentation se limitant au strict minimum, un volant sport et des sièges avant – considérés à l’époque – comme des baquets. A bord de la 2002 Turbo, outre l’odeur si caractéristique des vieilles mécaniques, on apprécie aussi sa luminosité. Bref, cette 2002 Turbo est vraiment loin des standards actuels qui imposent souvent une ceinture de caisse haute et un intérieur un rien plus sombre. Cela étant, si la M2 "athlétique à souhait" correspond parfaitement au style des sportives d’aujourd’hui, nous aurions quand même souhaité que son habitacle se démarque un peu plus de celui de la Série 2, les inserts façon faux carbone et les quelques logos M ne suffisant assurément pas à faire toute la différence. Mais bon...
Esprit préservé
Quoi qu’il en soit, dès que le photographe a rangé ses boîtiers, il est l’heure de prendre possession de cette fameuse 2002 Turbo. Et là, on tombe de haut. Différence d’âge oblige, la réponse à l’accélérateur n’a aucun rapport avec celle de la M2. Ici, pour que le turbo fasse sentir son effet "immédiat", il faut passer la barre des 4.000 tours, le 2 litres de 170 chevaux ne s’éveillant qu’à ce régime. Sur les routes de campagne étroites et sinueuses, l’exercice est loin d’être évident, surtout quand l’on se doit de respecter la mécanique.
Mais à la moindre ligne droite, la quadragénaire ne se gène pas pour montrer de quoi elle est encore capable. Les accélérations sont franches et la voiture semble même s’alléger en prenant de la vitesse. C’est dire si l’on peut croire qu’à l’époque, cette BMW dépassait les 210 km/h et expédiait le 0 à 100 km/h en 7 secondes. Mais, une chose est sûre: entre la 2002 Turbo et la M2, si la filiation n’est pas forcément une évidence, l’art d’offrir des sensations est une constante. Et ça, c’est loin d’être négligeable à l’heure où de nombreux passionnés estiment que les voitures sportives sont de plus en plus aseptisées...