La Lancia Aurelia B20GT est une icône. Mais le traitement "Fuorilegge" – littéralement "hors la loi" en italien – la rend plus belle encore, si c'était possible. Et au-delà de son style Outlaw, consistant à braver toutes les interdictions, cette voiture sortie des ateliers du Britannique Thornley Kelham est une ode à la plus célèbre des B20GT : la Bracco.
Mille Miglia
Giovanni Bracco est l'un des pilotes les plus légendaires d'Italie. Durant les courses marathon auquelles il participait, il marchait au mélange cigarettes-Chianti. Voyez-le comme le Keith Richards des pilotes car en dépit de ce régime particulier, il livrait toujours de fantastiques performances. C'est ainsi qu'en 1951, il réussit presque l'exploit de remporter les Mille Miglia au volant d'une Lancia Aurelia B20 GT pratiquement de série. Bracco avait mené la course pendant longtemps, et ce n'est que vers la fin, sur une longue ligne droite, qu'il avait dû s'incliner devant la Ferrari Tipo 340 de Villoresi. Mais attendez, ce n'est pas fini ! Avec cette même voiture, Bracco se rendit ensuite aux 24 Heures du Mans, en tant que spectateur. Sauf qu'il s'avéra qu'il restait une place sur la grille, et Bracco prit donc part à la course avec sa B20GT… pour finalement gagner en catégorie 2 litres. Puis Bracco emmena sa Lancia à la Carrera Panamericana, une fête de la vitesse qui traversait le Mexique. Et pour améliorer l'aérodynamisme de la voiture, Lancia avait décidé d'en retirer une partie du toit, ce qui donna ce célèbre look abaissé. Nous y voilà…
Abandonnée au Mexique
Bracco eut un accident et laissa la voiture au Mexique. Cette dernière n'allait réapparaitre que bien plus tard, et allait être restaurée par Thornley Kelham. "C'est un client qui nous avait vu travailler sur la voiture Bracco qui nous a laissé entendre qu'il serait preneur de quelque chose de similaire", explique Wayne Kelham. "Nous avons donc imaginé une production limitée de 8 exemplaires. Et que les puristes se rassurent : nous aussi, nous sommes des amateurs de l'Aurelia GT. Il n'était donc pas question de sacrifier une bonne voiture pour fabriquer nos Outlaw. Nous sommes partis de Séries 5 et 6 moins recherchées, qui étaient déjà dans un état assez… avancé."
Plus basse
La transformation est profonde est demande 5.000 heures de travail. Les montants de toit sont raccourcis de 8 cm, ce qui rend déjà l'Aurelia B20GT bien plus aérodynamique. Ensuite les ailes sont élargie, ce qui ajoute un facteur cool considérable, mais permet surtout d'élargir les voies de 1,5 cm. Le capot est pourvu d'une prise d'air Nardi. "Nous intégrons les clignotants avant dans les phares, et nous supprimons les parechocs. A l'arrière, nous installons des feux de Serie 2 et une trappe à essence Monza. La porte de coffre à l'air d'origine mais en fait, elle est complètement différente. Nous abaissons aussi la lunette arrière." Les rétros extérieurs ronds, placés étrangement haut, sont une création Thornley Kelham.
Plus gros V6
Le ronronnement du V6 est délicieux. Ici, un 2,8 litres remplace le 2,5. "C'est un moteur de Flaminia réalésé. Il délivre 175 ch, entre-autres grâce à une injection électronique moderne." L'échappement est complètement libre, et sa sonorité est aussi réjouissante que vous l'imaginez. Plus le régime augmente, plus le V6 exprime son charisme italien. Oubliez les moteurs modernes : ici, oui, il y a du caractère. Un 6 cylindres italien vous invite à aller conduire. "Oh, vous pourriez rouler toutes la journée à 180", dit Kelham.
Le petit volant en bois et les petits sièges baquets donnent déjà à l'Aurelia B20GT Outlaw toute la personnalité dont on puisse rêver. La voiture reçoit aussi un arceau, mais il est peint en noir, on le remarque donc à peine. Le pommeau de vitesse de la boîte 4 est comme attaché à votre jambe, ce qui procure un contact presque intime avec la voiture. Quant aux compteurs, ce sont ceux de l'Aurelia originelle.
Bref, ceci est un délice de… modernité à l'ancienne, qui n'est évidemment pas donné. Un projet comme ceci coûte facilement plus de 500.000€, voiture donneuse comprise. Mais c'est le ticket d'entrée dans un club très exclusif, puisque Thornley Kelham n'en produira que 8 unités.